[Livre] [coup de coeur] La couleur des sentiments – Kathryn Stockett

Jackson, Mississippi, 1962. Dans quelques mois, Martin Luther King marchera sur Washington pour défendre les droits civiques. Mais dans le Sud, toutes les familles blanches ont encore une bonne noire, qui a le droit de s'occuper des enfants mais pas d'utiliser les toilettes de la maison. Quand deux domestiques, aidées par une journaliste, décident de raconter leur vie au service des Blancs dans un livre, elles ne se doutent pas que la petite histoire s'apprête à rejoindre la grande, et que leur vie ne sera plus jamais la même.

Pour une raison que j’ignore, je n’avais pas très envie de lire ce livre. Ou plutôt, j’en avais eu envie avant de l’avoir entre les mains, et une fois qu’il était en ma possession, je n’arrêtais pas de repousser le moment de me lancer.

Et j’avais bien tort ! J’ai adoré ce roman, c’est un véritable coup de cœur, et pourtant, vous avez du vous en rendre compte, j’ai rarement de vrai coup de cœur, j’aime, ou je n’aime pas, mais il est rare que je sois si comblée.

Il faut dire que ce roman rassemble des sujets qui m’ont toujours beaucoup intéressée. Tout d’abord, et c’est le cœur du sujet, il y a l’Amérique des années 60 et la ségrégation. D’ailleurs, à chaque fois que je lis sur le sujet, je n’en reviens pas des mentalités de l’époque, et de me dire que finalement, c’était hier, c’était très proche, et que c’est difficile à croire. Et avec ce roman, c’est l’impression que j’ai eu encore une fois. C’était passionnant, et c’était finalement traité avec une pincée d’humour, de dérision et de légèreté bien agréable, car il s’agit d’un sujet un peu difficile qui peut rapidement devenir pesant, mais ici ce n’est pas du tout le cas, au contraire.

Les 3 narratrices sont attachantes, et sont très différentes les unes des autres. Leur psychologie est très bien dessinée, et fait également réfléchir le lecteur. Je n’ai pas eu de préférence particulière pour l’une ou l’autre, au contraire chacune d’entre elle a une petite particularité qui la rend spéciale. Il y a la Blanche encore un peu jeune et ingénue, la bonne noire un peu âgée qui a vécu des choses difficiles et éprouve un amour véritable pour les enfants qu’elle garde, et la bonne noire un peu plus jeune, qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui a également des idées parfois un peu arrêtées. A côté, il y a d’autres personnages, qui sont peut être parfois un peu caricaturaux, mais qui d’un autre côté doivent bien représenter une certaine mentalité de l’époque. J’ai eu un coup de cœur particulier pour l’une des maîtresse blanche un peu à côté de la plaque, seule, et qui a une vision différente des choses, un peu malgré elle. Et j’ai bien sûr détesté le personnage détestable de ce roman.

Je trouve que tout est très complet, très réussi, et je n’avais pas du tout envie de quitter ces personnages et leur petite ville (mais j’avais envie d’avancer quand même, car j’ai fait durer ce livre un mois, c’est déjà bien assez !).

Si vous voulez tout savoir, il n’y a pas longtemps, je racontais ici même que je ne lisais jamais au réveil, et bien il m’est arrivé une fois de prendre le temps de lire au réveil car je n’avais pas envie d’attendre le soir pour retrouver les personnages. C’est bien la preuve que ce livre est remarquable !

Le deuxième sujet qui m’a beaucoup intéressé, c’est la figure de l’écrivain et le processus de création littéraire. D’autant plus que dans le roman, tout cela a des conséquences et un impact bien particuliers (mais je n’en dirais pas plus). C’est en plus particulièrement intéressant qu’il s’agit d’un premier roman, qui nait un peu malgré lui, et qui va rapprocher les personnages. D’ailleurs, la littérature est elle même au cœur du roman, et cela me séduit spécialement dans mes lectures.

Ce livre est aussi bon qu’une bonne tasse de thé bien chaude quand il fait froid ! (me voilà qui fait des comparaisons à la MissSugarTown, je crois que c’est encore une fois de plus la preuve que j’ai adoré ce roman !)