Difficile depuis quelques temps
de passer à côté de ce roman, ou tout du moins de ne pas en entendre parler.
Personnellement, j’ai commencé à en entendre parler il y a quelques mois, par
ce très cher Bret Easton Ellis sur twitter (et
déjà, le fait qu’il s’intéresse à ce livre m’avait rendue curieuse, connaissant
les goûts particuliers de l’écrivain). J’ai fini par céder aux sirènes de
la mode et de la curiosité, et je me suis moi aussi procuré le terrible
ouvrage, en VO (je me disais que je
prenais déjà le risque de lire un mauvais roman, autant éviter de surcroit la
mauvaise traduction voyez-vous).
Durant tout le temps qu’a durée ma lecture, mon avis sur ce roman a
changé.
Le style n’est certes pas particulièrement travaillé, le
vocabulaire usuel employé est assez pauvre et donc répétitif mais cela ne m’a
pas dérangé plus que cela, si ce n’est que j’ai eu beaucoup plus de mal avec
l’anglais que ce que je pensais (il
s’avère que j’ai un bon niveau en anglais, mais je n’étais pas trop à jour
concernant le vocabulaire du corps humain et du sado masochiste et autres
joyeusetés, maintenant c’est fait). Mais je pense que le style n’est jamais
un réel problème pour moi. Autant parfois j’aime lire pour le style plus que
pour l’histoire (Bret Easton Ellis
rebonjour), autant d’autre fois, quand l’histoire m’intéresse, j’arrive
rapidement à oublier la pauvreté du langage employé. Et puis en l’occurrence,
avec Fifty Shades of Grey, ce n’est pas non plus une horreur.
Mais donc, qu’en est-il de l’histoire ? Tout d’abord, je dois
reconnaître que ce roman, quoi que j’en dise plus tard, est ce que l’on appelle
un « page turner » (oui,
excusez moi, maintenant que je ne regarde que des séries en VO et que je lis en
VO, je parle en VO aussi... enfin, en anglais). J’avais du mal à poser le
roman, j’avais continuellement envie de savoir la suite. Donc oui, je dirais
que ce roman est assez addictif (et je
l’aurais sûrement dévoré bien plus vite en français). Cependant, le roman
souffre de multiples répétitions, et de passages totalement inintéressants,
longs et révoltants (oui carrément).
Mais ce n’est pas ce qui est le plus dérangeant.
Je ne l’ai pas encore dit, mais
pour ceux qui l’ignoreraient, Fifty Shades (pour
les intimes) est un Pornmom, un
roman porno pour la ménagère donc. J’avais lu que cette réputation était
exagérée, et que ce roman n’avait rien de très porno ni de très hot. C’est
également l’une des raisons pour lesquelles je me suis laissée tenter par ce
roman. Il parait même que Christine Bravo a dit que ce n’était que « du
touche pipi » (mais vous me direz,
j’aurais du ma méfier particulièrement de ce que Christine Bravo appelle
« touche pipi »). Rapidement (mais pas trop rapidement non plus,
heureusement), je me suis rendue compte que par rapport à ce dont j’ai
l’habitude, ce livre était vraiment porno et hot (et ceux qui ont dit le contraire, que lisez vous d’habitude ?).
Donc ça, par contre, ça m’a rapidement ennuyée et énervée, surtout certaines
scènes biens précises qui m’ont donné envie de balancer le livre dans un feu
tellement je les trouvais révoltantes, répugnantes... et surtout révoltantes en
fait, en particulier sur l’image que cela donne de la femme, sur les relations
hommes/femmes, et sur ce qui est supposé faire fantasmer la ménagère (sérieusement ?).
J’avais également cru comprendre
que Christian Grey était le nouveau
personnage de roman faisant fantasmer les filles, et me connaissant (moi qui cède à toutes les modes, surtout
les modes masculines) (bonjour Ryan Gosling), j’avais la crainte de
succomber au charme du jeune millionnaire. Mais non, oh que non, 100 fois non.
Alors certes, Môssieur est un oiseau blessé, alors forcément, c’est un peu
craquant (ça et son physique d’éphèbe).
Mais non, voyez vous, moi je suis plutôt Marc Darcy que Christian Grey (j’ai du mal à croire que j’ai réussi à
mettre ces deux là dans la même phrase). Je ne veux pas trop en dévoiler,
donc je n’expliquerais pas pourquoi il m’est parfois sorti par les yeux (mais quand même). (par contre, si dans le film adapté du roman, Ian Somerhalder joue Christian, je changerais peut être d'avis).
Ensuite, j’avais lu beaucoup de
critiques négatives sur Ana, et
personnellement je l’ai bien aimé. Je ne l’ai pas trouvé si nunuche, j’ai bien
aimé certaines de ses réparties, et si j’avais envie de savoir la suite de
l’histoire, c’est avant tout parce que je m’étais attachée à elle, même si
souvent j’avais du mal à comprendre son comportement. J’ajoute une mention
spéciale à Kate, la meilleure amie qui m’a beaucoup plu.
Il y a de nombreux dialogues
entre Ana et Christian qui m’ont fait sourire au long de la lecture, certaines
bonnes réparties qui allègent un peu la lecture. Parce que oui, quand même, il y
a autre chose que les scènes torrides (heureusement).
Tout au long de ma lecture, je me
suis demandée si oui ou non j’allais acheter le tome suivant. Après la lecture
d’une scène en particulier, je me suis dit « hors
de question, j’en ai marre »... puis une fois que j’ai eu refermé le
roman, je me suis dit que Christian et Ana avait gagné, j’ai envie de connaître
la suite, notamment parce que j’ai l’espoir qu’il y ait dans le prochain tome
moins de scènes me déplaisants, et que l’intrigue pourrait me plaire. Bon, ok, j’ai surtout envie de savoir la
suite. Je suis faible.
Donc est-ce que j’ai aimé ? Oui et non. Est-ce que je le
recommande ? pas vraiment. Est-ce que je vais lire la suite ? Oui.
4 commentaires:
Hmm ce n'est pas très rassurant mais ça a le mérite d'être clair ! J'appréhende encore plus maintenant... Je sens que des scènes vont me révolter aussi, j'en suis même sûre ! La suite en français ?
@Hajar : je ne sais pas encore, j'ai commencé en anglais, alors je me dis que je pourrais poursuivre, mais en même temps j'ai envie de lire la suite rapidement et de passer à autre chose. De toute manière, pour le moment je ne suis pas supposée acheter des livres, donc la question se posera plus tard.
Je ne l'ai pas lu, et dans notre formation c'est un énorme sujet de blague. Normal, les libraires détestent ce genre de livres qu'ils ne prennent même pas la peine de ranger dans un rayon mais de laisser en pile puisqu'ils savent que les gens le cherchent et doivent tomber rapidement dessus. Bref, je ne lirai pas ce livre, tout comme je ne lirai pas de Levy ou Musso (ça paraît condescendant en fait...).
Pour les critiques, faut savoir qu'il y en a bcp qui ne lisent pas les romans qu'on leur envoie. Donc ils ont peut-être survolé un passage ou deux ou donner le livre à lire à un stagiaire.
Je pense que c'est moins trash que du Christine Angot (gros sujet de marrade aussi dans ma formation) ou que le Hervé Guibert que j'avais lu... Même si ce n'est pas considéré comme du pornmom, ce sont des livres qui parlent de sexe et de manière vraiment très crue.
@Ambre : Le fait est que pour pouvoir critiquer un livre ou un phénomène de mode, je préfère avoir lu ou m'être intéressée au dit phénomène. Du coup c'est surtout pour ça que j'ai lu ce roman.
Je veux bien croire qu'il y a des romans plus trash (j'en ai moins même lu des biens plus trash), mais je le trouve quand même parfois too much.
Je trouve quand même ça dommage que ce ne soit qu'un sujet de moquerie entre vous, après tout, en tant que libraires vous aurez à faire à tout un tas de clients avec des goûts très différents (et qui ne seront pas toujours les votre), et ce serait dommage d'être condescendants (c'est le terme que tu emploies) avec eux. En plus je crois que plus ça va, et plus vous aurez à faire avec des clients qui n'auront pas pour lecture les grands chefs d'oeuvre de la littérature, j'ai l'impression que ça se perd de plus en plus...
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